Doubs : le trésor maçonnique du presbytère

Un papier peint maçonnique unique au monde a été découvert par hasard dans une chambre de la cure à Remoray-Boujeons.

le trésor maçonnique - Chambre de la Cure

Le journal L’Est Républicain et le blog Hiram signalent une découverte extraordinaire. Un papier peint maçonnique unique au monde a été retrouvé, lors d’une rénovation, dans la chambre d’une cure abandonnée à Remoray-Boujeons, petit village de trois cents habitants dans le département du Doubs. (source :site « 3, 5, 7 et plus »)

Doubs  le trésor maçonnique Remoray-Boujeons - Restauration Reportage de l'Est Républicain (Photo Didier FOHR)

Une occasion nous est offerte de découvrir ou redécouvrir :


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A propos de l’Article de l’Est Républicain :

«Nous cherchions un lieu pour faire un musée du patrimoine, juste pour rassembler quelques objets du passé et garder la mémoire », explique Élisabeth Renaud. « La cure était vide depuis cinquante ans. Le maire ne voulait pas en faire des logements locatifs, il voulait quelque chose de plus… Brèves 22 février Doubs Est Rep 4

 

Nous avons visité. Et c’est là que nous avons remarqué un drôle de papier peint dans la chambre du fond. Une sorte de fresque qui racontait une histoire. Elle était dans un état épouvantable. Et pour tout dire, je me suis demandée comment c’était possible de dormir dans une chambre avec une décoration pareille. »

Mais, par chance, Élisabeth Renaud avait lu quelques jours auparavant un article sur le musée du Papier peint de Rixheim, découvrant tout un monde prestigieux devenu insolite au fil du temps. « C’est sûrement pour ça que j’ai été intriguée. Sinon, c’était simplement du papier peint abîmé comme on peut en voir partout dans les vieux bâtiments. »

L’histoire commence. C’était il y a quinze ans dans la cure abandonnée de Remoray-Boujeons, petit village du Haut-Doubs niché à une portée de flèches du Jura.

Élisabeth Renaud et son mari décident de prendre quelques photos et de les envoyer, par acquit de conscience à ce fameux musée du Papier avec une description précise de leur trouvaille.

Quelques jours plus tard, ils voient arriver une deux-chevaux à Remoray avec Philippe De Fabry à son bord. C’est le responsable du musée, un passionné entre tous, dans un état d’excitation certain. Il demande à ce qu’on lui ouvre le vieux presbytère. Et là… « Le choc », dit-il. « Quand on s’intéresse au papier peint, on a le Graal devant soi. J’étais devant l’un des plus célèbres papiers peints panoramiques au monde dans une version complète. On n’en connaît que quelques fragments ici et là à travers le monde. Ici, on peut penser qu’il est entier. C’est un trésor. »

Brèves 22 février Doubs Est Rep 3 Et là… « Le choc », dit-il. « Quand on s’intéresse au papier peint, on a le Graal devant soi. J’étais devant l’un des plus célèbres papiers peints panoramiques au monde dans une version complète. On n’en connaît que quelques fragments ici et là à travers le monde. Ici, on peut penser qu’il est entier. C’est un trésor. »

 

Philippe De Fabry expertise rapidement le « panoramique ».

Il daterait de 1807 ou 1810. Il a été fabriqué par l’une des plus prestigieuses enseignes du moment, située précisément à Rixheim. Il fait très vite connaître cette découverte dans les milieux spécialisés qui s’affolent. Rapidement, la direction régionale des affaires culturelles met tout en œuvre pour accélérer la procédure de classement. Ce trésor est à protéger. Brèves 22 février Doubs Est Rep 1

 

Ce papier peint retrace toute la vie de saint Joseph en plusieurs tableaux selon quelques chapitres de la Genèse. Mais – et c’est un vrai sujet d’étonnement – il est truffé de symboles maçonniques et de références aux repères rituéliques maçons.

Brèves 22 février Doubs Est Rep 2 Les plus flagrants sont l’équerre et le compas sur la représentation d’un monument. D’autres sont disséminés dans le panoramique comme la grenade, l’œil de la connaissance, la lune et le soleil… Une représentation de Baphomet, créature mi-homme, mi-bouc, apparaîtrait au-dessus d’un panneau. Elle aurait été vénérée par les Templiers et par quelques loges ou rituels maçonniques inspirés par l’égyptologie.

 

« Nous avons commencé à chercher ce que pouvait faire ce papier peint maçonnique dans la chambre du presbytère d’un petit village du Haut-Doubs », raconte Élisabeth Renaud. « Mais d’abord, il fallait le protéger. La mairie et notre association ont engagé des travaux dans le vieux presbytère, puis un processus de restauration du papier peint. Et notre projet de musée a commencé à évoluer autour de cette découverte. »

La présidente de l’association de sauvegarde du patrimoine local s’est donné les outils pour engager des recherches. Un doctorat d’État plus tard, et grâce aux autres travaux menés par les historiens, elle a découvert que la commune était en fer de lance d’un violent conflit entre le prince d’Aremberg, possédant le château d’Arlay et nombre de terres autour, et une bonne dizaine de communes côté Haut-Doubs. Le riche héritier s’était rendu compte que les villageois usaient et abusaient de ses forêts. Une bataille juridique s’est alors engagée sur plusieurs décennies avec des villageois encore tout vibrants de la fibre révolutionnaire et de leurs droits récupérés quelques années plus tôt. Après avoir bouté les moines cisterciens de leur secteur, ils n’entendaient pas s’en laisser compter par le prince, même s’il s’agissait d’un des plus puissants héritiers de la haute noblesse européenne.

C’est là qu’intervient le bon curé Salomon, le bien nommé. Officiant à Remoray, il déploie des trésors de diplomatie pour obtenir quelques largesses du prince d’Arembert. Il était alors à la fois en charge des âmes, mais aussi des affaires, des intérêts et de la justice dans les communes. Il était aussi médecin, vétérinaire et dentiste à ses heures. Et voici que le curé Salomon réussit à faire progresser les négociations. Dans un courrier étonnant, on peut lire qu’il remercie le prince. Et s’il lui propose à la fin de la lettre « quelques boîtes du petit fromage » fabriqué à Remoray, il n’est pas impossible que le papier peint lui ait été offert en retour.

Un cadeau piégé. Un pied de nez du prince ? Pas forcément. Au début du XIXe siècle, les liens entre la maçonnerie et le clergé n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui. La plupart des dignitaires de l’Eglise étaient maçons. Le frère de l’empereur, un certain… Joseph a été nommé grand maître de la principale loge de l’époque et Bonaparte lui-même avait entrepris de mettre un peu d’ordre dans l’organisation de la maçonnerie.

Enfin, la plupart des artistes de l’époque « maçonnaient » gaillardement à travers leurs œuvres, une tendance du moment.

Le curé de Remoray était-il lui-même franc-maçon ? Rien ne le dit. Mais il s’appelait Salomon, et la tentation était sans doute forte de lui offrir un papier peint représentant un temple inspiré par celui de son homonyme.

Mais tout cela n’est que supposition. Il s’agit seulement de pistes à creuser. Pour l’heure, ce joyau de l’histoire des arts décoratifs ne figure dans aucun document historique.

Pour autant, ce n’était pas un petit cadeau, même au regard de l’immense fortune du prince. Il a en effet fallu sculpter entre 1.000 et 1.800 planches de bois affectées à chaque motif et chaque nuance de couleur. Plus d’un an de travail pour tout un atelier. Chaque panneau de bois était ensuite enduit de peinture et appliqué sur les lés, de façon à composer la fresque.

On ignore combien d’exemplaires ont été réalisés. Il s’en est fallu de peu que celui-ci termine sans doute comme tous les autres, arraché, mis à la poubelle ou recouvert, comme un vulgaire papier peint défraîchi. Celui du curé de Remoray est aujourd’hui unique au monde rien que pour le fait qu’il soit resté entier autant d’années sur le mur qui l’a accueilli. Certains fragments se sont vendus hors de prix dans les ventes aux enchères spécialisées. On les retrouve en Allemagne, aux États-Unis. C’est dire la valeur inestimable de cette petite merveille.

Après quinze années de démarches, de travaux et de négociations, Élisabeth Renaud, son mari, Bernard, et l’association qui les entoure ont réussi à créer un véritable musée autour du papier peint restauré. Un patient travail de collecte d’objets et de meubles a permis de reconstituer la cure, lieu de vie au quotidien d’un curé de campagne du Haut-Doubs. Le fameux curé Salomon reprend vie…

Deux films en 3D ont été réalisés pour agrémenter l’espace muséographique et différentes manifestations culturelles sont envisagées pour l’espace ouvert aménagé dans le grenier. Reste à inscrire la Maison du patrimoine de Remoray dans les circuits touristiques.

Le papier peint livrera-t-il ses mystères ? Déjà plusieurs spécialistes travaillent à les dissiper. Un ouvrage est en préparation qui promet quelques révélations. Piqués au vif, les spécialistes des arts décoratifs et historiens de tous poils s’intéressent de très près à ce joyau oublié du Haut-Doubs…

www.patrimoine-remoray.fr

Didier FOHR


A propos des commentaires et avis d’autres sites tels que ceux liés au G.O.D.F. (Grand Orient de France )

vous pouvez visiter quelques-uns de ces sites (non exhaustif…)

http://357.hautetfort.com/archive/2015/02/23/papier-peint-maconnique-presbytere-doubs.html

https://www.hiram.be/un-papier-peint-maconnique-unique-dans-un-presbytere/

http://www.alvinet.com/actualite/similaire/24699162

 


Bonne(s) visite(s) et à bientôt

Le Jura Français

2 Réponses pour Doubs : le trésor maçonnique du presbytère

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