Pays Comtois publie le 20 Novembre 2014

Textes et légendes de l’article

Le magazine Pays Comtois : Page 82

Rubrique: Carnet d’Histoires

Légende de l’image:

« La réputation du site de Baume-les-Messieurs est l’un des premiers atouts touristiques de la province. »

3 Pays Comtois Page 82 La réputation du site de Baume-les-Messieurs

Titre:

Quand Le Jura français prônait le grand air…

CRÉÉE EN 1912 PAR DES SOMMITÉS COMTOISES INSTALLÉES À PARIS, LA REVUE LE JURA FRANÇAIS EMPOIGNE AVEC ENTHOUSIASME LE DESTIN D’UNE NOUVELLE ACTIVITÉ: LE TOURISME, DIAGNOSTIC: LA FRANCHE-COMTÉ EST DÉJÀ EN RETARD!

Textes:

Jean-Claude Barbeaux

En juin 1912, paraît le premier numéro de la revue Le Jura français, émanation de l’association du même nom, créée en 1911. Le comité de parrainage de l’association réunit des personnalités de premier plan: le prince Auguste d’Arenberg, membre de l’Institut; Victor Bérard, helléniste, professeur à la Sorbonne, directeur d’études à l’École des hautes études commerciales; le général Georges-Auguste Florentin, grand chancelier de l’ordre de la Légion d’honneur; Étienne Lamy, secrétaire perpétuel de l’Académie française, ou encore le peintre Auguste Pointelin.

L’association se définit comme un syndicat général d’initiative dont l’emprise géographique court de la Trouée de Belfort au «coude du Rhône à Culoz». Elle englobe les départements qui composent au XXe siècle la Franche-Comté, à laquelle s’ajoutent les pays de Gex et du Bugey.

Bien que les régions n’existent pas à l’époque, les sentiments provinciaux restent forts, on parle souvent des « petites patries », Le Jura français entend œuvrer à la promotion de la Franche-Comté, singulièrement du tourisme.

Pour ses animateurs, c’est un secteur en devenir.

Dans le numéro 1 de la revue, Victor Bérard signe un texte qui relève de l’anthologie, peut-être à afficher encore aujourd’hui dans tous les offices de tourisme. Il conclut ainsi: « Nous voudrions que, de jour en jour, mieux connue, notre Franche-Comté du passé et du présent fût mieux appréciée dans l’opinion publique, qu’elle-même se rendit mieux compte de ses ressources et de ses forces, de ses traditions et de son avenir, afin que, gardant sa place parmi les petites patries qui font la grande, elle sût

Le magazine Pays Comtois : Page 83

plus vaillamment encore prendre sa part dans la lutte quotidienne pour le soulagement et le bonheur du plus grand nombre. Mieux étudier pour mieux travailler, mieux travailler pour combattre le mal physique et social, est-il aujourd’hui un meilleur moyen de rester fidèles à notre vieille devise: « Comtois rends-toi! Nenni ma foi! » »

Sous-Titre:

Un tourisme à vocation hygiéniste

À l’époque, les vacances ne sont point pour tout le monde et le Front populaire est encore loin. C’est un tourisme de plein air, de grands sites comme les lacs ou les grottes de Baume-les-Messieurs. Les piliers du tourisme des années 2010 sont en production (Salines de Salins-les-Bains), à leurs affaires militaires (fort de Joux, citadelles … ), religieuses ou privées.

C’est un tourisme à vocation hygiéniste pour pratiquants nantis d’un sérieux coup de fourchette.

L’équipe du Jura français veut promouvoir cette idée neuve qu’est le tourisme et pointe un problème majeur: la Franche-Comté est déjà en retard! À l’époque, le modèle, c’est la Suisse, où les investisseurs sont à pied d’ œuvre pour équiper, notamment, les montagnes. Du côté du Jura français, on peste contre les Comtois qui ne jurent que par l’industrie, négligent la formation hôtelière, et notamment l’apprentissage de langues étrangères, et ne font pas l’effort de proposer un parc hôtelier de qualité. Élève de l’École centrale des arts et manufacture, Georges Michaud propose d’ailleurs, dans l’un des numéros, les plans et les détails de ce que pourrait être une auberge type.

Le Jura français finance des films à la gloire du pays, défend le développement des transports avec des tarifs adaptés pour les touristes, s’enthousiasme pour le « touricyclisme ». les sports d’hiver, les colonies de vacances, les nouveaux véhicules appelés « autocars».

Fils d’Auguste, le prince Pierre d’Arenberg* avance une autre idée: promouvoir le tourisme à la ferme.
Pas bégueule, le prince a l’habitude de s’y loger lors de déplacements, trouvant des « chambres propres et confortables, et une nourriture excellente ». Il verrait d’un bon œil se développer ce type d’accueil. Il n’y voit que des avantages et réfute à l’avance une concurrence déloyale avec les hôteliers. Il y repère un atout social: la clientèle sera « composée de personnes qui n’ont pas les moyens d’y faire – dans les hôtels – des séjours, de familles d’ouvriers de la ville, de petits employés modestes … »

Pierre d’Arenberg encourage les organismes agricoles de l’époque à dresser des listes de fermes d’accueil et à les transmettre aux offices de tourisme. Il s’inquiète toutefois de problèmes sanitaires qui sont loin d’être ceux des années 2010: les clients devraient fournir des certificats médicaux attestant qu’ils ne sont ni tuberculeux, ni porteurs de bacille de la fièvre typhoïde.

Dans ces années 1910, on pense à tout autre chose qu’à faire la guerre !

Note de bas de page pour : Fils d’Auguste, le prince Pierre d’Arenberg*

* La Famille est alors propriétaire du château d’Arlay. C’est une grande Famille aristocratique aux multiples branches, notamment dans le Nord, où elle laisse son nom à la Fameuse tranchée d’Arenberg, mythique étape pavée de la course Paris-Roubaix.

Encadré: Plus de 100 ans après


 

4 Pays Comtois Page 83 Jura Français Encadré L’association Le Jura français, comme la revue, existent toujours.
«L’association a eu une influence énorme, explique Guillemette Soum-Boyer, présidente, à la fois par les idées qu’elle a portées et l’influence de ses fondateurs. En ce qui concerne le développement du tourisme, d’autres l’ont pris en charge. Nous continuons à promouvoir l’histoire et la culture de la Franche-Comté.»L’association travaille à la transmission de son héritage intellectuel via Internet et s’intéresse de près à la Franche-Comté de demain. Elle remet un prix Jeune talent et un prix Jeune espoir. En 2014, le prix Jeune espoir est remis à Alice Dupanloup et Camille Prost, qui entament des études de sciences et de danse.La revue est trimestrielle, vendue par abonnement. Elle propose un regard sur l’histoire et le patrimoine. Elle a aussi le grand intérêt d’être l’un des rares lieux à présenter un suivi régulier de l’actualité du livre en Franche-Comté.   www.iurafrancais.com

 

Légende de l’image 1 page 83:

« Voitures et bonnes tables: le bon vivre à Port-Lesney, dans le Jura, une étape très prisée. »

4 Pays Comtois Page 83 Voitures et bonnes tables

Légende de l’image 2 page 83:

« Le développement des sports d’hiver est ardemment défendu par le Jura Français. »

4 Pays Comtois Page 83 Le développement des sports d'hiver

Légende de l’image 3 page 83:

« Les bassins du Doubs, près de Villers-le-Lac: un autre haut lieu du tourisme naissant. »

4 Pays Comtois Page 83 près de Villers-le-Lac

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